Guerre Israël-Hamas: doit-on craindre une crise économique mondiale?

The Spotlight

10 minutes de lecture

26 oct. 2023

Un entrepreneur acrobate essaie de faire tenir le globe terrestre en équilibre sur sa tête.

50 ans après la guerre du Kippour, c'est un nouveau conflit qui éclate au Moyen-Orient... et qui ravive la crainte d'un nouveau choc pétrolier.

7 octobre 2023. Le monde découvre avec stupeur les attaques terroristes menées par le Hamas sur le territoire d’Israël. Cette offensive, qui s’inscrit dans un contexte géopolitique déjà très tendu, fera plus de 1300 victimes.

En représailles, Israël met en place un blocus complet de la bande de Gaza, couplé à des bombardements. Une opération militaire qui a entraîné la mort de plus de 2200 personnes.

Une “escalade” historique dans le conflit Israël-Palestine qui, au-delà du drame humanitaire, met à mal l'organisation mondiale. Faut-il craindre une aggravation de la crise économique actuelle? Quels sont les scenarii envisagés par les experts?

Le point sur la situation 🔍

Israël-Hamas: le conflit de trop pour l’économie mondiale?

C'est énorme, c'est un tremblement de terre.” - Jihad Azour, directeur régional du FMI, suite aux attaques du Hamas sur Israël

Il y a de cela trois ans, le monde entrait dans une nouvelle décennie qui, à coup sûr, marquera l’Histoire.

En 2020, la crise sanitaire du Covid-19 met à l’arrêt de nombreux pays, entraînant dans son sillon une première crise économique majeure. En France, le PIB affichait alors une baisse historique de 7,9%. En Suisse, il était de -2,4%.

Deux ans plus tard, à la fin de la pandémie, alors que les perspectives de croissance vont bon train, la guerre éclate aux portes de l’Europe. La Russie envahit l’Ukraine.

Au-delà des pertes humaines incommensurables, le conflit russo-ukrainien a plongé le monde dans une crise économique marquée par l’inflation 📈:

  • le prix de l’énergie et de certaines denrées alimentaires s’envole,
  • face à un contexte géopolitique extrêmement tendu, la capacité des économies à travailler ensemble s’étiole.
En 2022, la France comme la Suisse ont subi une vague d’inflation suite à la guerre entre la Russie et l’Ukraine.
En 2022, la France comme la Suisse ont subi une vague d’inflation suite à la guerre entre la Russie et l’Ukraine.

C’est dans ce contexte bien particulier, où le commerce mondial est en berne, qu’intervient un nouveau drame: l’attaque d'Israël par le Hamas le 7 octobre 2023. La réponse militaire d’Israël ne se fera pas attendre, marquant le début d’une guerre dont les répercussions sont encore incertaines.

Au coeur de la guerre Israël-Hamas, la crainte d’un nouveau choc pétrolier

Le scénario le plus redouté reste certainement celui d’une potentielle escalade du conflit au Moyen-Orient, qui tient un rôle crucial dans l’industrie pétrolière.

Les craintes? Un jeu de bras de fer au sein de l'organisation mondiale, où la maîtrise des coûts du pétrole est stratégique. 🎯 Une situation qui n’est pas sans rappeler le choc pétrolier d’il y a 50 ans, presque jour pour jour.

Le choc pétrolier de 1973

Il y a 50 ans éclatait la guerre du Kippour, qui opposait Israël à une coalition de pays arabes. Ces derniers cherchaient alors à reprendre les territoires perdus lors de la guerre des Six Jours en 1967.

C’est dans ce contexte que certains pays membres de l'OPEP ont décidé d'imposer un embargo sur les livraisons aux nations soutenant Israël. Une sanction forte, qui a abouti sur un véritable choc pétrolier.

Une nouvelle crise économique et énergétique?

station de pompage d'huile

Suite à l'offensive du Hamas contre Israël, les prix du pétrole ont grimpé de plus de 4%. Une hausse qui laisse craindre un second choc pétrolier, mais qui reste mesurée. En effet, les experts sont encore loin de tirer la sonnette d’alarme.🚨

Comme l’explique Alexandre Hezez, Stratégiste au Groupe Richelieu: “ce qui est déterminant pour les marchés est de savoir si le conflit reste localisé ou s'étend à d'autres régions, notamment l'Arabie Saoudite”.

L'Arabie Saoudite tente effectivement d’apaiser ses relations avec Israël, et plus largement avec l’Occident, pour attirer davantage les investisseurs. Dans ce contexte, il ne semble pas y avoir d'intérêt pour le pays à s’engager dans le conflit.

Un état des lieux qui se veut rassurant, mais qui ne doit pas éluder la question de l’Iran. Le pays, qui nie toute implication dans cette guerre, a apporté son soutien à l'attaque du Hamas. En cas d’escalade du conflit, il pourrait exercer une pression sur le marché pétrolier en bloquant le détroit d'Ormuz, par lequel passe une grande partie de la production pétrolière.

Le risque, en cas de flambée des prix?🔥

Une nouvelle vague d’inflation, alors que la zone euro peine à contenir la hausse des prix, qui devrait plafonner autour des 5,6% en 2023 selon la BCE.

La guerre Israël-Hamas rend les marchés mondiaux fébriles

“C'est un nouveau nuage sur un horizon qui n'est pas le plus ensoleillé pour l'économie mondiale." - Kristalina Georgieva Directrice générale du FMI

Incertitudes”, “craintes”, “crise économique”: depuis le 7 octobre, le champ lexical utilisé pour décrire les potentiels scenarii attenant à la guerre Israël-Hamas ont quelque chose d’anxiogène. Le fantôme du choc pétrolier de 1973 est particulièrement présent dans les esprits.

Un sentiment qui se matérialise par des résultats en berne sur les marchés au lendemain de l’attaque du Hamas 📉:

  • La Bourse de Tel-Aviv a chuté de 6,47%, soit sa plus grande baisse depuis mars 2020
  • À Paris, le CAC 40 a enregistré une chute initiale de 1,13%, mais a fini avec une baisse de 0,55%.
  • Le Dax de Francfort a cédé 0,7% de sa valeur.
  • L'indice paneuropéen, Euro Stoxx 50, a chuté de 0,8%.
  • Aux États-Unis, le Dow Jones a perdu 0,2%, tandis que le S&P 500 a reculé de 0,4%.

Des baisses généralisées, mais pour l’instant mesurées. D’après Alexandre Hezez, “les marchés semblent estimer que la situation restera limitée en termes de portée et de durée”. Ce qui n’empêche pas un réel regain d’intérêt pour les valeurs refuges.

L’or sur le devant de la scène suite à la guerre Israël-Hamas

Une rue dévastée par la guerre

Face aux incertitudes, les investisseurs ont privilégié les valeurs sûres comme les obligations d'État et l'or. Un comportement que nous avons pu déjà observer lors de précédentes crises économiques.

L’or continue d’assurer son rôle de valeur protectrice

Suite à l’attaque du Hamas sur Israël, le prix de l’or a bondi de 6% en seulement 4 jours, atteignant les 1839,87€ l’once. Il s’agit de son plus haut niveau depuis mai 2023… et de l’une de ses plus grandes variations depuis la guerre russo-ukrainienne.

Ce qu’il faut comprendre ici, c’est qu’une fois de plus, l’or semble être le dernier rempart face à une crise économique aux trop nombreux rebondissements. Si la guerre Israël-Hamas en est le dernier en date, il ne faut pas oublier la politique monétaire menée par la Fed. Les hausses successives de ses taux directeurs ont en effet accentué le sentiment général d'instabilité financière.

Avec un fonctionnement contracyclique, le cours de l’or permet de prendre la température sur la scène économique mondiale. Et demain? 🔍

Quelles prévisions pour l’or au lendemain du conflit Israël-Hamas?

Même s'il a déjà franchi la barre de ses prévisions initiales, le cours de l’or pourrait bien continuer sa course. Un scénario probable, puisqu’il s’est déjà réalisé en 2022 lors de l’invasion de l’Ukraine par la Russie.

Au mois de mars, l’once a alors atteint les 1840,74€, un prix record, sans jamais revenir à ses taux initiaux, compris entre 1500 et 1600€ l’once à la fin de l’année 2021. Si l'histoire devait se répéter, le cours du précieux métal jaune pourrait dépasser les 1870€ l'once.

En 2022, l’or a connu une hausse spectaculaire suite à l’invasion de l’Ukraine.
En 2022, l’or a connu une hausse spectaculaire suite à l’invasion de l’Ukraine.
Depuis le 7 octobre 2023, on enregistre une hausse du cours de l’or, qui n’est pas sans rappeler celle de 2022.
Depuis le 7 octobre 2023, on enregistre une hausse du cours de l’or, qui n’est pas sans rappeler celle de 2022.

Un autre facteur joue également dans le sens d’une potentielle hausse continue de l’or: le fait que de nombreuses institutions, elles-aussi, se ruent vers ce dernier.

Ainsi, des institutions majeures telles que la Banque populaire de Chine (PBOC), la Banque de réserve de l'Inde (RBI) et la Banque centrale de Pologne ont augmenté leurs réserves d'or. Cela prouve une fois de plus son rôle de “stabilisateur” et sa capacité à lutter face à une économie mondiale bouleversée.

👉 Ce qu’il faut retenir:

  • L’attaque du Hamas sur Israël a été un choc diplomatique et géopolitique, dans un contexte de crise économique.
  • Les experts redoutent notamment une flambée des prix du pétrole si le conflit venait à se généraliser au Moyen-Orient.
  • Face à ces incertitudes, les marchés affichent des baisses, toutefois mesurées. Cela n’empêche pas les investisseurs de se ruer vers des valeurs refuges, comme l’or, témoignant du contexte économique actuel extrêmement compliqué.
  • Comme lors de la guerre russo-ukrainienne, les attaques ont eu un effet immédiat sur le prix de l’or. Certains experts envisagent que cette hausse soit continue, en s’appuyant sur l’expérience de 2022.
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