Pièces d’or retrouvées au Luxembourg : quand l’histoire relie le Grand-Duché à la France

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5 minutes de lecture

22 sept. 2025

140 pièces d’or romaines ont été découvert au Luxembourg

Découvrez comment plus de 140 pièces d’or romaines ont été découvert au Luxembourg et ce que cette trouvaille nous raconte sur les liens unis entre l’Hexagone et le Grand-Duché.

L’année 2025 a démarré tambour battant pour le Luxembourg, ce petit joyau niché au cœur de l’Europe. Outre l’abdication très attendue du Grand-Duc Henri en faveur du prince héritier Guillaume, prévue pour le 3 octobre, une découverte archéologique exceptionnelle a été annoncée début janvier. En effet, le pays a fait les gros titres grâce à la découverte d’un trésor de pièces d’or datant de l’époque romaine, retrouvé dans le village de Holzthum.

Cette trouvaille remarquable éclaire non seulement un chapitre peu connu de l’histoire européenne, mais révèle aussi d’anciennes connexions culturelles et commerciales entre le Luxembourg et l’Empire Romain dont les territoires de Gaule Belgique (partiellement), Gaule Lyonnaise et Gaule Aquitaine étaient situés le territoire français actuel.

Les pièces découvertes frappées entre 364 et 408 après J.-C. possèdent une valeur qui dépasse largement celle de l'or qu'elles renferment. Elles témoignent d’une époque de profonds bouleversements politiques et culturels. Tout comme ces pièces racontent une histoire d’échanges et d’influences, le lien entre le Luxembourg et la France perdure aujourd’hui et a laissé une empreinte profonde dans la société et la culture luxembourgeoises.

Pièces d’or : la découverte du trésor d’or de Holzthum

le trésor de Holzthum

Composé de 141 pièces d’or, le trésor de Holzthum jette une lumière nouvelle sur une période cruciale de l’histoire romaine. Frappées sous plusieurs empereurs, dont le controversé Flavius Eugène, ces pièces offrent un aperçu rare d’une ère de transitions. Eugène, personnage énigmatique et éphémère au pouvoir entre 393 et 394, est considéré comme un usurpateur, principalement connu pour sa défaite à la bataille du Frigidus contre Théodose — événement clé du déclin de l’Empire romain d’Occident.

Ces pièces, rares et précieuses, permettent de mieux comprendre l’étendue de l’influence d’Eugène. Leur découverte (restée secrète pendant quatre ans) est capitale pour les numismates et historiens, car elle reflète une époque où l’Empire romain vacillait, tandis que Constantinople devenait le nouveau centre du pouvoir méditerranéen.

L’excavation fut cependant périlleuse : la zone était encore contaminée par des munitions de la Seconde Guerre mondiale, nécessitant l’intervention de l’armée. Malgré ces défis, cette découverte confirme l’importance du Luxembourg comme point stratégique d’échanges culturels et commerciaux dès l’époque romaine.

Un pays protégé par un dragon… d’or ?

Une légende locale raconte qu’un dragon d’or protégeait jadis la ville de Luxembourg. Il aurait disparu il y a des siècles, mais certains croient qu’il serait encore caché quelque part. Aujourd’hui, c’est la Gëlle Fra, la « Dame dorée », qui veille sur la ville : une statue érigée en mémoire des Luxembourgeois morts pendant la Première Guerre mondiale.

pièces anciennes

Luxembourg, Empire romain et France : un lien hors du temps

La découverte des pièces romaines au Luxembourg souligne des liens anciens entre cette région et la France, héritage direct de l’Empire romain.

Un héritage romain partagé

Le trésor de pièces de monnaies retrouvé au Luxembourg, datant de la fin du IV ème siècle, fait écho à l'influence de l’Empire romain sur une grande partie de l’Europe dont la France. À travers cette découverte, c'est tout un patrimoine commun qui résonne, comme les pratiques économiques qui se retrouvaient sur le territoire de la Gaule et au Luxembourg.

En effet, le Luxembourg faisait partie de la Gaule Belgique, une province de l’Empire romain, qui couvrait une grande partie de l’est de la France actuelle. À l’époque, les territoires qui forment aujourd'hui le Luxembourg et la France étaient liés par des réseaux militaires, commerciaux et administratifs. Cette découverte, qui permet d'explorer un trésor monétaire romain, offre un éclairage fascinant sur cette histoire commune, visible non seulement au Luxembourg, mais aussi dans de nombreuses régions françaises, où l’on retrouve fréquemment des vestiges de l'Empire romain. C’est notamment le cas de Lyon, capitale des Gaules qui abrite entres autres des théâtres antiques et les vestiges de la Fourvière mais aussi du sud-ouest de la France avec les arènes de Nîmes, le théâtre antique d’Orange, ou encore le Pont du Gard.

Pont du Gard
Pont du Gard

Une même économie

L’économie de l'Empire romain a laissé une empreinte marquante dans le Luxembourg, mais aussi dans les régions de France voisines. La circulation monétaire était un des fondements de cette économie. La monnaie retrouvée dans le trésor de Holzthum montre l'importance des transactions économiques à l’époque romaine. Ces pièces frappées entre 364 et 408 après J.-C., circulaient dans tout l’Empire, y compris sur les territoires de la Gaule Belgique.

Les pratiques économiques des Romains, telles que le commerce de biens précieux (comme le fer, l'argent et l’or) ou l’organisation des marchés locaux, étaient très influentes dans la région. Le Luxembourg, à la jonction de l’Empire, servait de carrefour commercial pour les biens qui circulaient et facilitait l’échange de marchandises entre la Germanie, la Gaule Belgique la Gaule Lyonnaise.

Cette économie romaine organisée autour de grands centres et de petites installations telles que les burgi a laissé un modèle durable dans les régions voisines, en particulier en France, où l’organisation des terres agricoles et la gestion des ressources naturelles ont été influencées par la gestion impériale.

Une histoire de migration

Cette proximité économique et ce lien entre la France et le Luxembourg, pays transfontaliers, ont perduré bien au-delà de l’Empire romain, avec des vagues d’immigration de plusieurs milliers de luxembourgeois vers l’Hexagone. En 1880 par exemple, on comptabilisait environ 40 000 luxembourgeois émigrés en France, et ce, sans compter l’Alsace-Lorraine. Avant la période d’industrialisation qui a inversé la tendance, les habitants du Luxembourg venaient chercher en France de nouvelles terres où s’installer et un emploi. À l'époque, la répartition des terres au sein des familles n'était que peu équitable (l’ainé possédant la plus grosse part) que l’exil se présentait alors comme la meilleure solution pour une nouvelle vie.

Aujourd’hui, la dynamique a changé. Les ressortissants français constituent dernièrement l’une des premières nationalités migratoire au Luxembourg: en 2019, ils représentaient 14.8% des migrants. De nombreux français décident d’immigrer au Luxembourg pour plusieurs facteurs. Le marché du travail y est très dynamique dans divers secteurs et la croissance économique importante. Avec des salaires compétitifs (2 703,74 € brut par mois pour une personne non qualifié*) et une indexation des salaires (en cas d’inflation, les salaires augmentent automatiquement), ce “petit” pays est de plus en plus considéré comme un eldorado par les français. Et c’est sans parler des nombreux autres bénéfices : meilleure accès aux soins de santé, congé maternité et indemnités de maladie plus avantageux, transports publics 100% gratuit… Le Luxembourg a de quoi séduire grâce à sa qualité de vie parmi les meilleures du mondes.

France - Luxembourg : de nombreux accords

Pour “seller” leur union, les deux pays ont su mettre en place au fil des ans facilitant leur relation et faisant preuve encore une fois de leurs liens solides. Parmi eux :

Accord culturel de 1954

Le 8 février 1954 était signé l’Accord culturel entre le Luxembourg et la France. Cette coopération franco-luxembourgeoise a permis de de développer de nombreux partenariats entre les deux pays afin de célébrer et de mettre en lumières des projets communs liés entres autre au spectacle vivant, aux arts visuels, à l'audiovisuel ou encore la préservation du patrimoine.

Accord de coopération économique et financière de 1959

Cet accord a été mis en place afin de renforcer les échanges économiques entre les deux pays et de favoriser la coopération dans les secteurs financiers. Il a notamment permis de faciliter la collaboration entre les banques et les institutions financières luxembourgeoises et françaises.

Accord de défense de 1994

Cet accord de défense permet une coopération militaire dans le cadre de la sécurité européenne et de la défense commune. Les deux pays ont des liens étroits au sein de l’OTAN et de l'Union européenne, ce qui se reflète dans des projets communs de défense et de sécurité.

Accord de sécurité sociale de 2003

Cet accord bilatéral permet aux ressortissants de chaque pays travaillant sur le territoire de l'autre d’être protégés par le système de sécurité sociale du pays dans lequel ils travaillent. Cela garantit des droits similaires en matière de soins de santé, d'indemnités de maladie, de retraite, et de prestations familiales, tout en simplifiant les démarches administratives pour les travailleurs frontaliers.

Mais aussi : l’accord sur la mobilité transfrontalière des travailleurs de 2014, l’accord de coopération dans le domaine de la recherche de 2011, l'accord sur les universités et la coopération éducative de 2001… Et bien d’autres.

De l'or romain à un avenir commun

Le Luxembourg, toujours plus attractif pour ses voisins français, continue de tisser des liens forts avec la France, que ce soit à travers la migration, la culture ou l’économie. De la découverte des pièces d’or à la relation continue entre les deux nations, cette histoire partagée est un héritage vivant, un pont entre le passé romain et le présent européen.

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