Alors que l'été bat son plein, nous proposons de vous raconter une histoire incroyable qui fera une parfaite lecture à la plage.
Une histoire tellement hollywoodienne qu’elle fut même adaptée en film, pleine d'arnaques internationales, de mensonges, de milliards de dollars, de faux suicides (?), et avec bien sûr en son centre: DE L’OR.
Les acteurs
Bre-X, une minuscule société minière fondée en 1988 par David Walsh et cotée à la Bourse de Calgary à seulement 30 cents l'action faisait tranquillement des affaires dans le Nord-Ouest américain.
Mais en 1993, Bre-X rêve d’expansion à l’international et acquiert son premier terrain international dans la jungle de Bornéo, en Indonésie, et confie le projet à un prospecteur philippin, Michael De Guzman.
En 1994, De Guzman rapporte ses premiers échantillons de la mine, des roches porteuses d’une grande nouvelle.
Le jackpot
Les résultats dépassaient leurs rêves les plus fous: les échantillons montraient environ 3 onces d'or par tonne de roche, soit un gisement total compris entre 3 et 6 millions d'onces d'or.
Instantanément, Bre-X vit la valeur de son action bondir de 0,30 $ à 1,74 $. Et lorsque l'estimation initiale fut révisée pour atteindre 12 millions d'onces d'or, les actions firent un nouveau bond spectaculaire à 53 $ pièce.
La nouvelle s'ébruita rapidement et l'industrie minière ainsi que la presse internationale déclarèrent le gisement de Bre-X: "le gisement le plus riche du monde".
Les nouveaux rois de l'or
Alors que les actions de Bre-X n’avaient de cesse d'augmenter avec chaque nouvelle estimation, les investisseurs commencèrent à se bousculer au portillon, des plus institutionnels jusqu'aux banques internationales, tous voulaient leur part du gâteau.
En 1996, les dernières projections atteignaient désormais 200 millions d'onces et les actions grimpèrent en flèche jusqu'à 300 dollars, valorisant la petite société minière à 6 milliards de dollars canadiens.
L'ouverture de la mine
Alors que les projections continuaient d'augmenter et que Bre-X planifiait déjà l'exploitation du site, le gouvernement indonésien décida lui aussi de venir prendre sa part et négocia une participation de 40 % dans le projet.
Malgré une capitalisation boursière de plusieurs milliards de dollars, proche de celle des grands acteurs du secteur, Bre-X restait une société minière relativement petite pour un projet d’une telle ampleur. Pour l'aider dans l’exploitation de la mine, elle convint donc avec le gouvernement indonésien de passer un accord avec une société minière plus importante et plus expérimentée qui s'occuperait de l’exploitation de la mine en échange de 5 % des parts du projet.
Les mystérieux échantillons
Mais, en mars 1997, la nouvelle société minière s'installa et commença à procéder à l'extraction de ses propres échantillons pour compléter ceux de De Guzman, et quelque chose d'étrange commença alors à émerger.
Leurs échantillons revenaient tous négatifs.
Les nouveaux échantillons de roche provenant de la future mine de Busang ne semblaient contenir quasiment aucunes traces d'or.
Et même une fois les premiers forages lancés, le "gisement le plus riche du monde" annoncé demeurait introuvable.
Interloquée par ces nouvelles découvertes, la société minière demanda rapidement à De Guzman de sauter dans un hélicoptère pour venir expliquer ses méthodes de recherche et comprendre les nouvelles anomalies détectées.
L'hélicoptère
Le 19 mars 1997 à 10h13, un hélicoptère Alouette à destination du site minier de Busang décolla de l'aéroport de Balikpapan avec deux personnes officiellement à bord: le pilote et De Guzman.
Mais à l'arrivée, le pilote était seul dans l'hélico.
Le pilote expliqua que, 15 minutes seulement après le décollage, il avait jeté un coup d’œil par-dessus son épaule et vu la porte de la cabine ouverte et le siège de De Guzman vide.
Quatre jours plus tard, un corps fut retrouvé dans la jungle. Les rongeurs et les animaux avaient déjà bien commencé le travail, mais le corps fut finalement identifié grâce à un jean et des empreintes digitales: Michael De Guzman.
Une note apparemment écrite de la main De Guzman fut ensuite retrouvée dans l'hélico, où il expliquait qu'il ne pouvait plus supporter de vivre "alors qu'il était malade de l'hépatite B", et sa mort fut rapidement classée comme un suicide.
Le secret éclate
Aujourd’hui encore, les théories sont nombreuses: De Guzman est-il vraiment mort? S'agit-il bien d'un suicide? Se cache-t-il quelque part?
Mais sa mort présumée mit enfin à jour un scandale bien plus vaste: le gisement d'or de la mine de Busang n’avait en fait jamais existé.
En effet, voyant que ses premiers échantillons ne donnaient aucuns résultats concluants, De Guzman utilisa un procédé appelé "salage" pour falsifier ses échantillons en y ajoutant de l’or, trompant le laboratoire en charge des tests ainsi que toutes les personnes impliquées dans le projet.
Et où trouva-t-il l'or présent dans ses échantillons? En récupérant les minuscules copeaux qu'il limait de son alliance de mariage.
Lorsque la nouvelle tomba, le grand projet minier de Bre-X s’effondra instantanément, et le cours de son action avec lui. Dès mai 1997, une action Bre-X ne valait déjà plus que quelques centimes, bien loin de ses sommets à plus de 300 dollars, entraînant avec elles des pertes de plusieurs milliards de dollars pour l'ensemble des investisseurs.
Un scandale majeur dont l'onde de choc est encore très présente dans la mémoire des investisseurs canadiens et qui a permis, à lui seul, l'adoption au niveau national de nouvelles normes géologiques de protection contre la fraude.
Le bilan
Bien que nous ne saurons probablement pas ce qui est réellement arrivé à De Guzman, une chose est sûre: il ne parviendra jamais à mettre la main sur les lingots d’or pur stockés dans nos coffres-forts grâce à notre solution de stockage gratuite et sécurisée. 😎
