Depuis des mois, les analystes financiers nous mettent en garde contre une récession.
Bien qu’on ne puisse pas encore l'affirmer avec certitude, de nombreux signaux nous montrent que l'Europe et les États-Unis pourraient se diriger vers une période de récession.
Nous avions déjà parlé des risques réels de récession dans l'un de nos précédents SPOTLIGHTs. Mais beaucoup de choses se sont passées depuis.
Avec les événements de ces derniers mois (inflation record, guerre, crise énergétique, ralentissement de la croissance, effondrement des marchés, etc.), nous avons pensé qu'il était temps de faire une petite mise à jour.
Voyons donc si ces événements récents nous rapprochent d'une récession.
Y a-t-il aujourd'hui des indicateurs d'une possible récession?
La réponse est oui, et pas qu’un.
Voici les principaux signes:
- Une inflation galopante: Si l'inflation reste élevée et que les salaires n'augmentent pas en conséquence (ce qui est le cas actuellement), l'inflation elle-même pourrait conduire à une récession.
Pour rappel, l'inflation aux États-Unis vient d'atteindre 9,1 %, son taux le plus élevé depuis 40 ans. Dans la zone euro, le taux d'inflation annuel a atteint 8,6 % en juin, dépassant la barre des 8,1 % du mois de mai.
Comme vous pouvez le voir sur le graphique ci-dessus, l'inflation a également augmenté dans d'autres pays.
- Hausse des taux d'intérêt par les banques centrales: de nombreux analystes estiment que des hausses de taux plus rapides et plus importantes pourraient augmenter les risques de récession. La hausse des taux rendra plus coûteux l'emprunt d'argent et tendra donc à réduire la quantité d'argent circulant dans l'économie. En d'autres termes, les hausses de taux ont tendance à ralentir la croissance et, dans certains cas, à créer des récessions.
Et en ce moment, la Fed veut absolument mettre fin à une inflation qui est à un taux jamais atteint en 40 ans. Elle a déjà relevé ses taux d'intérêt à plusieurs reprises cette année et a déjà prévu de le faire à nouveau prochainement.
La BCE prévoit elle aussi de relever ses taux d’ici la fin du mois de juillet et probablement une nouvelle fois en septembre.
- La guerre en Ukraine: La guerre en Ukraine se poursuit, augmentant le risque d'une crise alimentaire dans les pays qui dépendent des exportations de blé de ces deux pays.
- La pénurie de gaz en Russie: Pour couronner le tout, la Russie a temporairement fermé le gazoduc Nord Stream, réduisant ainsi l'approvisionnement en gaz de l'Europe. Aujourd'hui, de nombreux responsables s'inquiètent d'une coupure totale du gaz en provenance de Moscou, qui pourrait gravement nuire à l'économie européenne à l'approche de l'hiver.
Comme vous pouvez le constater, les perspectives de l'économie mondiale ne sont pas très réjouissantes...
Est-ce que ça pourrait nous conduire à une récession pour autant? Voici ce qu’en pensent les analystes.
Les problèmes d’approvisionnements en gaz pourraient déclencher une récession en Europe
Une nouvelle perturbation de l'approvisionnement en gaz naturel de l'Europe pourrait plonger de nombreuses économies dans la récession, a averti la directrice du Fonds monétaire international, Kristalina Georgieva.
Elle a écrit dans un article du FMI que la guerre de la Russie en Ukraine avait considérablement détérioré les perspectives de croissance économique et que le FMI était prêt à abaisser ses prévisions pour 2022 et 2023.
"Les perspectives restent extrêmement incertaines. Pensez à la façon dont une nouvelle perturbation de l'approvisionnement en gaz naturel de l'Europe pourrait plonger de nombreuses économies dans la récession et déclencher une crise énergétique mondiale. Ce n'est qu'un des facteurs qui pourraient aggraver une situation déjà difficile."
Au sein de l’Union Européenne, l'Allemagne est le pays plus exposé au risque de récession.
"Il semble raisonnable de supposer que la Russie continuera à chercher des moyens de perturber l'activité économique en Europe en représailles des sanctions occidentales et du soutien financier et militaire à l'Ukraine... l'impact sur la production industrielle et l'incertitude économique feront presque certainement entrer l'économie allemande en récession au second semestre 2022", ont déclaré les économistes.
C'est exactement ce que montre le graphique ci-dessous:
Comme vous pouvez le voir, avant le conflit en Ukraine, il y avait 20% de chances que l'Allemagne et la zone euro connaissent une récession. Aujourd'hui, la probabilité d'une récession est de 55% pour l'Allemagne et de 43% pour la zone euro.
Ancien économiste en chef du FMI : ”Il y a un risque élevé de revivre les années 1980”
Selon l'ancien économiste en chef du FMI, Maurice Obstfeld, il existe un risque réel que les banques centrales poussent les taux trop haut en essayant de lutter contre l'inflation.
"Vous avez un véritable cocktail de contraction monétaire mondiale qui pourrait aller un peu trop loin parce que chaque banque centrale ne regarde que sa propre situation intérieure et ne pense pas aux effets mondiaux", a-t-il averti.
En d'autres termes, à l'instar de nombreux économistes, M. Obstfeld craint que les banques centrales ne risquent d'accélérer la chute de l'économie mondiale vers une profonde récession en ne coordonnant pas leurs hausses de taux.
"Nous avons vu quelque chose comme cela au début des années 1980 lorsque la Fed luttait durement contre l'inflation... Nous avons eu une récession mondiale très profonde qui s'est répercutée sur les marchés émergents sous la forme de la crise de la dette des années 1980 et je pense qu'il y a un risque de quelque chose de similaire maintenant."
💡La récession du début des années 1980
La récession du début des années 1980 est une grave récession économique qui a touché une grande partie du monde entre le début de 1980 et le début de 1983.
La plupart des gens s'accordent à dire que ce fut la pire récession depuis la Seconde Guerre mondiale.
Il pense que les banques centrales font des pieds et des mains pour rattraper leur retard, car elles ont trop longtemps retardé le relèvement des taux d'intérêt.
"Elles ont l'impression d'avoir pris du retard, et il y a un peu de panique dans l'air", a souligné M. Obstfeld.
Ça veut dire quoi pour les investisseurs?
Comme d'habitude, cela signifie très probablement que les investisseurs doivent diversifier leurs portefeuilles avec des actifs plus sûrs et plus stables pour équilibrer leurs investissements plus risqués.
Melissa Bouchillon, associée directrice de Sound View Wealth Advisors et CFP, affirme qu'il vaut mieux prévenir que guérir:
"Qu'il s'agisse du COVID-19, de la Grande Récession ou de ce que nous vivons actuellement, on ne sait jamais quel sera le prochain grand krach. Vous devez toujours avoir un élément de portefeuille prêt pour le cas où les choses iraient mal."
Comment se préparer à une récession?
Pour se préparer à une récession, il y a bien quelques conseils pratiques à suivre, mais nous ne les dévoilerons pas tout de suite, nous gardons cela pour un prochain Spotlight. 😉
Nous allons ici simplement nous pencher sur le moyen le plus répandu de préserver votre patrimoine pendant une récession: la diversification de votre portefeuille.
Et c'est là que l'or et les métaux précieux peuvent s'avérer utiles.
Il est vrai que tout n’a pas été au beau fixe ces derniers temps pour l'or…
La semaine dernière, le prix de l'or est retombé à son plus bas niveau depuis 11 mois, les investisseurs se tournant vers le dollar américain dans l'attente de hausses de taux plus agressives de la part de la Réserve fédérale américaine.
Pourquoi cela s'est-il produit?
Eh bien, principalement parce que le dollar fort semble peser actuellement sur le prix de l'or, tout comme les attentes de hausse des taux d'intérêt.
Cela signifie-t-il pour autant que le prix de l'or va continuer à baisser?
En deux mot, pas nécessairement.
Comme indiqué plus haut, les hausses de taux plus agressives des banques centrales augmentent les risques de récession de l'économie.
Et il est généralement admis que lors d'une récession, les actifs plus risqués comme les actions et les obligations à haut rendement ont tendance à baisser, tandis que l'or et les bons du Trésor américain augmentent généralement.
Par exemple, la grande récession de 2008 a fait grimper le prix de l'or, même s'il a ensuite chuté avec la faillite de Lehman Brothers.
Comme l'explique Craig Erlam, responsable des analyses de marché chez OANDA:
"Une baisse [du prix de l'or] sous les 1 700 dollars est encore très probable, avec le prochain niveau de soutien à 1 680 dollars l'once. [Mais] une fois que le pic sera en place et que nous verrons des signes de retrait des pressions inflationnistes, nous pourrions voir l'or revenir en force alors que l'économie dérive vers la récession."
Si une récession mondiale arrive, allons assister à un retour en force de l’or? Nous ne pouvons pas le savoir avec certitude.
Cependant une chose est sûre: diversifier vos investissements et prendre quelques précautions contre les risques peut vous aider à protéger votre patrimoine et vos finances personnelles.